Névrosés, je vous salue !


#.

Je vous salue, névrosés !

Parce que vous êtes sensibles dans un monde insensible,

n’avez aucune certitude dans un monde pétri de certitudes

Parce que vous ressentez les autres comme si ils étaient vous-mêmes

Parce que vous ressentez l’anxiété du monde et son étroitesse sans fond et sa suffisance

Parce vous refusez de vous laver les mains de toutes les saletés du monde,

Parce que vous craignez d’être prisonniers des limites du monde
pour votre appréhension de l’absurdité de l’existence

Pour votre subtilité et délicatesse à ne pas dire aux autres
ce que vous voyez en eux

Pour votre difficulté à gérer les choses pratiques
et pour votre pragmatisme à gérer l’inconnu,

Pour votre sens pratique à négocier avec des choses abstraites
et inconnues;

Pour votre réalisme transcendental
et votre manque de réalisme au quotidien

Pour votre sens de l’exclusivité
et votre peur de perdre vos êtres les plus intimes,

Pour votre créativité et votre capacité à vous extasier

Pour votre mésadaptation à « ce qui est »
et votre capacité d’adaptation à « ce qui devrait être »,

Pour vos habilités grandes, mais inutilisées

Pour la reconnaissance tardive de la vraie valeur de votre grandeur
qui ne permettra jamais l’appréciation de la grandeur de ceux qui viendront après vous

Parce que vous êtes humiliés alors que vous veillez à ne pas humilier les autres,

Parce que votre pouvoir immense sans cesse réprimé par une force brutale;

Et pour tout ce que vous êtes capable de deviner,

Pour ce qui est «prescient»,
non-dit
et infini en vous

Pour la solitude et l’étrangeté de vos vies

Soyez salués !

K. Dabrowski

 M0P43JNV

11 commentaires

  1. « Pour vos habilités grandes, mais inutilisées »
    Je me reconnais dans cette phrase (sans prétention aucune), je sais que je possède des capacités comme tout le monde d’ailleurs. A la différence que je ne les utilise pas (comme d’autres peut-être). Quel gâchis (pour moi-même)

    Aimé par 1 personne

  2. Salam a3leyki oukhti fillah,

    Excellent texte! Chaque phrase est criante de vérité pour qui s’y reconnait. C’est triste & beau à la fois de se rendre compte qu’on est névrosé. Triste parce que notre hypersensibilité est dure à vivre dans ce monde rempli de haine. Beau parce que la névrose c’est la folie, la folie c’est le génie, la créativité, c’est vivre (trop?) intensément.

    Aimé par 1 personne

    1. Salâm sis !

      J’aime aussi énormément ce texte, je le relis dès que l’envie se fait sentir.

      À mes yeux, ce n’est pas la présence de haine qui rend l’hypersensibilité plus ardue à vivre. Elle est avant tout une intensité plus forte en toute chose, ça force le décalage, qu’importe le contexte…

      Pour la névrose, selon les lunettes, on l’est tous un peu, à des niveaux de conscience différents.

      En totale harmonie avec ta dernière phrase :)

      J’aime

      1. J’avais perdu espoir que tu me répondes :)
        Oui moi aussi je suis déjà revenue plusieurs fois sur ce post pour le relire! Barak’Allah fiki de l’avoir partagé ma soeur.
        Tu as raison, la psychologie moderne veut que l’on soit tous névrosés, à des degrés différents mais je n’en sais pas plus à ce sujet… En fait, le texte avait l’air de réduire les névrosés à une certaine partie des êtres humains. Partie que j’ai de suite assimilée aux « hypersensibles », du moins c’est ce que j’ai compris ;)
        & je suis totalement d’accord avec le fait que l’hypersensibilité soit une intensité plus forte en toute chose. J’ai parlé de haine parce que j’avoue que personnellement c’est ce qui me blesse le plus, sûrement du fait du contexte actuel où les médias français semblent s’acharner sur nous-autres musulmans, ce que j’ai énormément de mal à supporter.
        Salam ma soeur.

        J’aime

      2. Étant en déplacement, je peux moins prendre mes aises… Je devine une impatience que je connais bien :D

        Sinon, j’ai eu le sentiment que parmi les névrosés de tout poil, l’auteur parle d’un certain groupe de gens. Et j’ai aussi lié ça, entre autre, aux hypersensibles. Je pense que nous sommes de la même espèce, à tes commentaires ici et sur le site de Jessica.

        Je t’invite à lire le texte « Albatros », j’étaye un peu plus à ce sujet.

        La haine qui vient du dedans de la communauté de personnes qui se prétendent être des « frères » et « sœurs » me touche beaucoup plus. Tout est une question de sensibilité personnelle, merci de partager la tienne. :)

        J’aime

  3. Bien-sûr, prends ton temps pour répondre ma soeur, c’est simplement que j’avais hâte de lire tes mots ;)
    Oui j’ai découvert le site de Jessica à travers le tien. Vos mots me parlent, je me sens chez moi :)
    Si ton texte s’appelle l’Albatros, nul doute qu’il va me plaîre (« ses ailes de géant l’empêchent de marcher »… ).
    C’est vrai que la haine au sein de notre communauté peut être blessante, (je les vois s’indigner les policiers de la religion, à chaque fois que l’on prononce un mot qui ne vient pas du Coran ou d’un hadith.) je te comprends ma soeur, mais elle me touche peu, sûrement parce que je suis moins atteinte par des critiques sur mes paroles & actes que par des critiques sur qui je suis. La haine de l’autre juste pour ce qu’il est, je trouve ça horriblement blessant, même quand ça ne me concerne pas. Tu m’imagines pas à quel point certains musulmans qui haïssent les juifs m’énervent! Nous sommes tous des êtres humaibs subhan’Allah.
    & la haine venant de sa propre famille, on en parle? Hahah
    Wa salam

    J’aime

Des choses à dire ? BismiLlâh !